mercredi 30 avril 2008

Trip to the south: Le Philos'oeuf



Vous pensez bien que je n'allais pas vous laisser sans nouvelles...
Ah mais où avais-je la tête? J'ai oublié de vous dire que j'entreprenais depuis ce matin un petit périple vers le sud du pays.
Je n'ai pas resisté en passant devant un cyber à écrire ces quelques lignes de la ville ocre.
Je viens de déguster un délicieux sandwich philos'oeuf, spécialité unique en son genre, dans l'une des échoppes-restaurants de la mythique place Jamaa el Fna. Pour ceux qui n'ont pas encore eu la chance de vivre cette expérience gustative unique, le sandwich philos'oeuf, comme son nom l'indique est essentiellement composé d'oeuf dur et d'huile d'olive, auquel vous pouvez ajoutez au choix oignon, persil, pomme de terre et fromage...Je vous recommande vivement d'accompagner ce "met" d'un verre de thé à la menthe, et de vous laisser aller au gré de l'euphorie des sens que crée l'animation nocturne de la place...
Demain Ouarzazate...

dimanche 27 avril 2008

Tout est question de signal!


"Pfff...ça marche pas!" s'écria maman en faisant irruption dans ma chambre, le téléphone en main, l'air déçu. Cette fois ce n'était pas maman qui s'était gourée de bouton, ce n'était pas kitty qui aurait débranché un câble en jouant avec, ni une facture qu'on aurait (encore) oubliée de payer... "ça" ne marchait bel et bien pas! Le ciel nous tomba sur la tête: il n'y avait pas de tonalité!

Je m'évertuai alors à tripoter tous les fils touchant de près ou de loin à l'installation de la boite magique, à vérifier tous les appareils, et même à sortir dehors jeter un coup d'œil au poteau de téléphone, en jetant un regard suspicieux au chantier à côté...
Je retournai chez moi, bredouille, pour trouver papa, maman, ma frangine, Waaayli et même Kitty (si, si, je vous assure) dans ma chambre m'interrogeant d'un regard anxieux du style "Alors, docteur, c'est grave?".
Amusée, j'étais tentée de répondre par un: "Je regrette...on a tout essayé...mes condoléances" , mais je me contentai de dire: "Pfff, je pense que c'est mort".
- "Pfff...en plus c'est le weekend, j'avais des e-mails importants à envoyer! trouvez-moi le numéro des réclamations ou dérangement!" demanda papa.
- "Pfff...fais chier j'avais besoin du fixe pour un coup de fil urgent!" s'écria ma frangine.
- "Pfff...je vais pas pouvoir vous préparer la recette-surprise ce weekend, j'ai besoin de Google" dit maman.
Waaayli resta muette, mais je devinais des"Grrrrr...Pfffff.....". De temps en temps, elle vérifiait le signal wi-fi avec espoir. Le monde de l'onirisme et de l'amour risque sa perte sans sa gardienne Waaayli...
- "Heu bon ben moi, je vais chez tatie passer le weekend!" dis-je enfin.

Voilà où l'on en est. Agacés, désemparés, terrifiés presque à l'idée de devoir affronter un weekend sans passer des heures avec phony, sans rafraichir son facebook, et sans torturer les touches du clavier pour écrire un post ou communiquer via msn.
Alors, les nouvelles technologies de l'information, une arme à double tranchant?

Il va sans dire que grâce aux derniers progrès des NTIC nous jouissons de facilités extraordinaires pour communiquer, travailler et apprendre...mais...

Qui n'a pas été exaspéré au cours d'une réunion ou d'une conversation par quelqu'un tripotant inlassablement son portable? Qui n'allume pas son ordi en premier dès qu'il rentre chez lui avant même de se déchausser ou d'allumer la télé? Qui ne s'est déjà senti coupé du monde parce que son portable est tombé en panne ou parce qu'il n'y avait plus de connexion?

Tant de choses dont on a dépassé la vocation "utilitaire" pour tomber dans une conduite addictive ou vraiment barje. En effet, on ne s'en rend pas compte, mais parfois ça nous pousse à faire de drôles de trucs. Tenez par exemple le wi-fi: qui n'a pas déjà squatté la connexion non sécurisée d'un voisin? J'en connais qui sont restés dans de drôles de positions ou carrément dans le froid pour capter un soupçon de signal au balcon. J'en connais aussi qui avaient envie de sonner chez le voisin et lui dire: "Heu.. bonjour, je pense que vous avez oublié de régler votre facture ADSL, il n' y a pas plus de connexion".
Moi même, en emménageant dans mon loft parisien (comprenez petit studio de barbie), j'utilisais la connexion d'un voisin qui a bien voulu me donner sa clé WEP en attendant l'activation de ma connexion . Lorsque j'ai déménagé deux étages plus haut, capter le signal nécessitait de sortir au balcon par le froid qui caractérise si bien la capitale française et de rester debout en inclinant le pc à 30 degrés!

Le piratage du wi-fi, qui est devenu un sport nationale partout dans le monde , est en phase de devenir un sérieux délit. En effet, de plus en plus de pays se dotent de lois réprimant l'utilisation abusive de connexion wi-fi...mais leur application s'est avérée être un exercice plus compliqué que prévu: "voler" le wi-fi du voisin doit-il être considéré comme un vrai vol, alors que le "voleur" ne dérobe rien et se contente de surfer? doit-on choper le "voleur" de wi-fi en flagrant délit? doit-on reprocher au "voisin" de ne pas avoir crypté et sécurisé son point d'accès wi-fi? Le débat reste ouvert même si dans la majorité des codes pénaux le vol de wi-fi est passible de sanction sur la base du "hacking" (ou piratage) et non pas de vol.
Chez nous tout va bien! le piratage a encore de beaux jours devant lui...

Pour en revenir aux addictions, nous sommes tous par nature des "accros" potentiels. Que ce soit au portable, au shit, à Internet, au Poker, au boulot, au sport ou aux chaussures, toutes nos addictions expriment un désir inconscient (ou conscient!) de combler un manque. La conscience est essentielle pour reconnaitre un problème avant qu'il ne devienne addiction, hors nous avons tendance à banaliser les choses ou vivre dans le déni. Beaucoup ne comprennent pas l'addiction de leurs pairs car ces derniers ne partagent ou ne divulguent rien à propos de leur addiction (qui peut ne pas en être une, mais le paraitre!), laissant planer l'inquiétude et le doute. Les uns se braquent, les autres s 'enferment encore plus dans leur mutisme et isolement, le roussi se fait sentir et la communication est avortée.

La poule ou l'œuf? doit-on dénoncer l'outil, ou notre façon de s 'en servir? tout est question de mesure certes, mais il arrive souvent que les tartines tombent sur le côté beurré...

Sur ce, je dois finir de ranger mon sac pour aller passer le weekend chez ma tatie. Donc...ne pas oublier mon téléphone, son chargeur, le lecteur mp3, les DVD, mon épilateur, son chargeur, mon laptop, son chargeur,mon sèche-cheveux...accro? ana? bele3ma! :-p





samedi 19 avril 2008

Cahier de souvenirs


Quand je pense que ce petit bonhomme sur la photo, à peine haut comme trois pommes, est sur le point de devenir papa ! Il posait en Jellaba blanche, fausse moustache, et un turban en papier crépon rouge sur la tête. Pas loin, une petite moi en robe de Flamenco orange à pois, faux grain de beauté sur la joue et rouge à lèvres carmin. Je refermai l'album photo en souriant et le mis de coté pour le montrer au petit garçon en Jellaba.


Il faut dire que ces derniers temps, je vis des moments de retour sur soi, de vide, de douce solitude et d'introspection qui convoquent pas mal de souvenirs d'enfance. Besoin de relire ma propre histoire ? De me réfugier dans la bulle rassurante que représente cette période rose qui fleure bon l'amour, l'insouciance, et les rires ?


Qui se souvient du fameux « cahier de souvenirs » ? C'était certes un truc de filles, mais tous les garçons jouaient volontiers le jeu. Chaque cahier (souvent de grand format et couvert avec un poster ou du papier cadeaux) faisait le tour de la classe pour que chacun puisse y laisser une trace. Certaines rubriques étaient incontournables : Chanteurs et groupes préférés, acteurs et actrices préférés, films et séries préférés et même villes et plats préférés !


Coté musique des années 80-90 on retrouvait bien sur le mythique Michael Jackson avec ses tubes interplanétaires tels que Thriller, Bad, Dirty Diana …mais au fait… Kifach yal maskhout, daffagti el gamila ?…et aussi ses rumeurs : Michael vit dans un caisson à oxygène, Michael s’est converti à l’islam et a construit une mosquée dans son ranch…
Madonna, ze provocatrice, chantait Holiday en rêvant d’une Isla bonita , tout en répandant un parfum de scandale sur scène.
Last but not least : Europe, A-HA, Eurythmics, Metallica, AC/DC, U2, Prince, Samantha Fox, Kim Wilde, New Kids on The Block ( Step by step! Ooh babyyy!), Sabrina, Indochine, Depêche Mode, Elsa, et la liste n’est certes absolument pas exhaustive!
Les disques vinyles tournaient toujours dans nos maisons…mais le top était d’avoir un walkman ! Et histoire d’économiser les piles, certains faisaient tourner la cassette autour d’un stylo pour la rembobiner…en attendant que l’auto-reverse fasse son apparition.


Qui se souvient de la série Dallas ? A l’époque c’était plutôt les parents qui suivaient mais les prénoms J.R et Sue Ellen sont restés gravés dans mon esprit ! Nous, c’était plutôt Santa Barbara - la série interminable qui décrit en 54 épisodes, une action de 20 minutes- , Melrose Place, 21 Jump Street, Beverly Hills…mais aussi Madame est servie, Rick Hunter, le Cosby Show, le Prince de bel air, V etc.…

J’ai pleuré à chaque fois que E.T rentrait chez lui (Téléphone !maison !), et à chaque fois que Rémi sans famille, Belle et Sébastien ou Tom Sawyer était dans la galère…
Qui se rappelle de Caliméro, Candy, Goldorak (assaaaa7nou addawaar !), Voltron, X-Or, Les mondes englouties, Inspecteur gadget, les snorkies, Sherlock Holmes, Le tour du monde en 80 jours, Capt’ain Majid (Olive et Tom), et enfin Zeina wa Na7oul (Maya l’abeille)?


…Et donc pour en revenir au cahier de souvenirs, après les préférences, venait les « mots d’amitié » : « Je te souhaite une vie pleine de joie, d’amour et de bonheur… », « Je t’aime comme la reine mais la reine est pour le roi, et toi pour moi », « Je t’aime comme les pizzas, mais les pizzas sont pour manger, et toi pour embrasser »…no comment ! : )
Certains se contentaient de griffonner les mots, d’autres (les filles surtout !) s’évertuaient à faire de jolis dessins ou à coller des images et photos de célébrités habilement découpées à partir de magazines comme OK ! Podium, Nous Deux, Pif ou encore le Journal de Mickey…les plus créatifs faisaient même parler les personnages à travers des bulles !


Messieurs, passez votre chemin ! Je suis sur le point de parler « chiffons » et autres bizarreries typiquement féminines de l’époque, et qui sont susceptibles de ne pas vous dire grand-chose :
Alors les filles, si vous avez l’occasion de feuilleter vos albums de petite fille, vous ne manquerez pas de trouver au moins un cliché de vous en sandales et chaussettes ! Ou alors de tomber sur un instantané d’anniversaire où vous soufflez vos bougies en robe de princesse… Mais attention ! Ladite robe (habituellement blanche, rose ou bleu ciel) avec tout son frou-frou, paillettes et perles (souvent ramenée par les grands-parents de retour du Haj) est assurément sublimée par un pull à manches longues et col roulé, d’une couleur contrastant fort celle de la robe, et que maman a pris soin de vous faire porter sous la robe pour que vous ne preniez pas froid :)

Maman me menace toujours de sortir des photos de moi avec la banane. « Aaaaaah ! non ! Pitié ! pas la banaaaaaaaane ! ». Qui de vous les filles n’a pas passé de longs moments de concentration devant le miroir pour réussir sa « banane » ? C’était le must en matière de coiffure…Plus elle était haute et ne dégonflait pas, plus t’étais canon ! Certaines réussissaient même à en dégager une petite frange…

Après quoi il fallait mettre un pantalon « fuseau » avec l’élastique qui passait sous la plante du pied, et le fameux « body » à col et en dentelle blanche ou noire. La panoplie ne pouvait pas être parfaite sans les boucles d’oreilles et le collier en plastique (couleur flashy de préférence) ainsi que les bracelets transparents remplie d’eau et de paillettes ou mieux…des « scoubidous » fluo ! Certaines en faisaient un vrai business !

Un petit pêle-mêle pour finir: les Kickers, les sandales en formes de poisson et colorées en transparence, les brodequins noirs, le cuir clouté pour faire rock, le téléphone gris ou crème du P.T.T à cadran (parfois avec cadenas ), le décodeur 2M, Al qanat assaghira, Le parc Sindbad (fiyyamatou), « Peta-Zeta » les p’tites friandises qui éclatent dans la bouche, la sucette kojak…


Oui…je me réfugierai inlassablement dans cette bulle tintée de petits bonheurs à chaque fois que le spleen pointera le bout de son vilain nez…

lundi 14 avril 2008

P.S: I Love You...


Je sirotais mon Frappuccino Caramel en feuilletant « Tendances Shopping » (à quoi on devrait rajouter la mention « pour bourges » !) lorsque Waaayli, la tête encore dans les étoiles et les yeux en forme de cœurs, débarqua. Il faut dire qu’il lui faut du temps à notre Waaayli pour se déconnecter de son monde onirico-romantico-sensuel. Le temps de parcourir les derniers posts et commentaires de la blogoma, Jade, tout sourire, fit son apparition à notre grande joie : elle avait pu (miraculeusement) se libérer de son Azzouz, le temps d’une après-midi entre filles.

Après la séance sirotage, papotage et « namima » de rigueur, on se dirigea à Derb Ghallef pour un mini-shopping : DVD, mi-bas, et un kilo de noix…après quoi nous trinquâmes à la notre, chacune un verre de jus à la main. Vous connaissez le fameux panaché vert-rouge-jaune de derb ghallef ? Aussi épais qu’une compote, et tellement dense que les différentes substances qui le composent ne se mélangent pas, préservant ainsi les fameuses couleurs vives ! Aussi copieux qu’un repas, mais tellement bon !

Et si on se faisait un ciné ?

Devant les affiches du Gigarama, on se décida à la hâte : « P.S I love You », ça avait l’air d’être une comédie calibrée pour les copines en délire ou les filles assoiffées d’eau de rose (ah ! le cliché!)

L’histoire :

Holly et Gerry sont un jeune couple transi d’amour menant une vie quasi-parfaite. Gerry décède subitement suite à une tumeur cérébrale. Holly sombre dans la dépression et a du mal à faire face à son deuil, lorsqu’elle reçoit, le jour de son 30ème anniversaire, une lettre de son mari rédigée avant sa mort, et qui sera suivie d’une dizaine d’autres. Ces lettres, arrangées comme un jeu de piste, sont destinée à donner à la jeune veuve des recommandations de choses à faire afin de l’aider à surmonter cette épreuve et réapprendre à vivre sans Gerry. Chaque lettre se termine par "P.S: I love you"...


Bien qu’un peu longue, j’ai trouvé cette comédie mélodramatique aussi belle que poignante, abordant avec un humour habile un sujet aussi sérieux que le deuil de l’être aimé. L’idée du stratagème posthume de Gerry pour aider son épouse à surmonter son chagrin peu paraître macabre au début mais on oublie vite cette impression grâce aux flashbacks et autres remontées dans le temps, voyages en Irlande et entourage aussi impertinent que charmant. Le tout avec un savant dosage de rires et de larmes.

Les dames et les demoiselles peuvent soupirer devant le bel et charismatique écossais Gerard Butler et admirer la plastique d'Apollon de Jeffrey Dean Morgan. Quant aux demoiseaux, ils peuvent admirer les charmes d'Hilary Swank. Enfin, tout le monde peut rire du personnage joué par Lisa Kudrow (Phoebe dans Friends), toujours aussi barje :)

A la fin du film, je fus surprise de voir un jeune couple se lever et se serrer l'un contre l'autre, d'une façon presque tragique, pendant un long moment, comme s'ils avaient subitement pris conscience que l'un pouvait perdre l'autre.


Je me suis retrouvée à plusieurs reprises, pensive, à faire défiler les images d’un autre film, celles de ma toute dernière histoire. Il nous arrivait de parler avec humour et peine de cette éventualité macabre. Mais je ne pouvais m’empêcher de penser plus à des images beaucoup plus douces …comme la première fois où il m’a dit « Je t’aime » à travers une webcam, à des milliers de kilomètres. J’avais été touchée par le fait qu’il n’ait pas pu avoir la patience d’attendre qu’on soit réunis pour me le dire. J’avais été presque intimidée par son regard aimant et son sourire attendri après sa déclaration, guettant ma réaction…et moi remuée à m’en sentir stupide… mais tellement heureuse…la gorge nouée et les papillons s’affolant dans mon estomac…

J'eus subitement envie de prendre mon téléphone et de lui envoyer un message du genre "merde, la vie est trop courte, arretons nos conneries, aimons nous! Je t'aime!"

Une rupture, après tout, est également un deuil…un deuil ardu d’une longue série de moments inoubliables et de réflexes dont on doit apprendre à se défaire avec une douce amertume.

Guérison ? Retrouvailles ? Nouveau roman ? La vie est pleine de surprises…

J'effaçai le début du message que je n'envoya jamais et remis mon téléphone portable dans mon sac. A quoi bon? Il ne "pouvait" plus rester avec moi, avait-il dit. Il ne m'aime pas.

La sonnerie du téléphone de Jade (qu’elle avait omis d’éteindre ou de taire) résonna dans la salle silencieuse et me sortit de ma petite escapade nostalgique…

C’était Azzouz : « Allô finek ? »…




lundi 7 avril 2008

Mon bain de jouvence


L’eau jaillissant bruyamment du robinet me plonge dans une sorte de douce léthargie. Des bribes de paroles et des lambeaux d’images défilent de façon aléatoire, comme un diaporama dans ma tête.

L’eau coule toujours.

Tant d’interrogations …certaines avec leur réponse, d’autres sans…tant d’exclamations aussi !

Je ferme le robinet et contemple un moment les reflets des flammes dansant sur l’eau. Quand je pense qu’il a fallu que l’ampoule de la salle de bain grille pour me pousser à prendre un bain à la seule lueur des bougies… Mais ce bain n’est pas un bain comme les autres…C’est un bain de renouveau et d’espoir…
Je m’apprête à prendre un bain de jouvence.

L’eau chaude caresse mon corps que j’immerge progressivement dans la baignoire. Je ferme les yeux et savoure ce contact primal…Un désir conscient de redevenir ce fœtus baignant dans ce liquide amniotique qui le protège de toute agression extérieure…Paradoxalement, au autre désir émerge, celui de voir mon ventre s’arrondir un jour et donner la vie...

Je me laisse enivrer par les effluves de lavande que j’ai mise dans mon bain. Je commence par me sentir légère et apaisée.
Par ce bain je noie mon chagrin et espère retrouver mon chemin…Par ce bain je gomme des heures d’angoisse et de douleur pour retrouver de nouveau un semblant de douceur…Je me savonne pour dissoudre la peur de vivre un énième conflit…je me frotte pour me débarrasser de l’écho des mots qui blessent…

L’eau irrigue les racines de mon cœur afin que refleurisse son rosier. Elle revigore mon âme épuisée d’avoir tant couru derrière une chimère…
Mon corps flotte, léger et détendu…ce corps qu’il n’écrasera plus par ses étreintes et qui ne frémira plus sous ses caresses…ce corps dont il n’aura plus le privilège d’apprécier la chaleur et la douceur…
Le doux clapotis de l’eau crée par les mouvements de mon corps me rappelle que j’ai soif. J’ai soif d’amour et d’affection, soif de paix et d’harmonie, soif de tendresse et d’indulgence…J’ai soif d’échange. J’ai tant à donner…mais je veux aussi recevoir, pour avoir si longtemps eu la sensation de ne recevoir que des miettes…

J’ai besoin de sentir un regard compréhensif et bienveillant. J’ai besoin de me sentir aimée, désirée et admirée…respectée et protégée… pas bafouée, humiliée et rabaissée…pas méprisée et dévalorisée…J’ai besoin d’un souffle de passion qui me rappelle que je respire. Que j’existe.
Mon cœur meurtri avait doucement ralenti sa course depuis un moment déjà. Il se remettra à battre de plus belle, mais il ne battra plus pour lui.


Je vide la baignoire et regarde l’eau souillée par mes tourments tourbillonner avant de disparaitre dans le siphon.
En sortant de la baignoire, je prends soin d’éponger, par terre, les quelques gouttes tombées du vase qu’il a fait déborder…


Mon bain est fini, ma renaissance commence.